Scholarly article on topic 'Complexité phonétique et disfluence dans le vieillissement normal et dans la maladie d’Alzheimer'

Complexité phonétique et disfluence dans le vieillissement normal et dans la maladie d’Alzheimer Academic research paper on "Psychology"

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Academic research paper on topic "Complexité phonétique et disfluence dans le vieillissement normal et dans la maladie d’Alzheimer"

Complexité phonétique et disfluence dans le vieillissement normal et dans la maladie d'Alzheimer

1 Introduction

1.1 Aspects phonétiques dans le vieillissement normal et dans la maladie d'Alzheimer

La maladie d'Alzheimer est une maladie neurodégénérative, caractérisée par l'affaiblissement progressif et irréversible des fonctions cognitives, dont le langage (Lee, 2012). Les déficits linguistiques dans cette pathologie sont fréquemment mis en relief dans le domaine lexico-sémantique, avec notamment le fréquent phénomène d'anomie, alors que les aspects phonético-phonologiques sont souvent considérés comme relativement bien préservés jusqu'au stade avancé de la maladie (Kertesz et al.. 1988, Colin et al.. 1991, Patel et al., 1994, Romero et al.. 1996). En effet, les études utilisant des batteries standardisées pour les patients aphasiques n'ont pas révélé de perturbations phonémiques et articulatoires chez les patients souffrant de la maladie d'Alzheimer (Appell et al.. 1982, Murdoch et al.. 1987, Rousseaux et al.. 2010). Toutefois, les travaux récents portant sur le discours spontané révèlent que la parole des patients Alzheimer est moins fluente que celle des sujets âgés sains, avec plus de ruptures et d'hésitations (Singh et al.. 2001, Ashet al.. 2004, Hoffmann et al.. 2010, Gayraud et al.. 2011). De plus, un nombre croissant de recherches rapportent une présentation atypique de la maladie d'Alzheimer (Dubois et al.. 2010) qui se caractérise par une détérioration de la capacité langagière, notamment les processus sémantiques et phonologiques, comme un signe d'entrée dans la pathologie (Greene et al.. 1996, Croot et al.. 2000, Galton et al.. 2000, Davies et al.. 2005). Ainsi, l'importance de conduire une étude approfondie dans ce domaine prend de plus en plus d'ampleur.

Les aspects phonético-phonologiques du langage des personnes âgées n'ont suscité que très peu d'études et ces dernières ont fourni des résultats quelque peu divergents. Certaines études ont montré que l'articulation et le débit de parole restent intacts chez les personnes âgées (Shewan et al.. 1988, Penny et al.. 1996), alors que d'autres études ont signalé que la production orale des sujets âgés comporte plus de disfluences, incluant de fréquentes hésitations, pauses, bégaiements, un débit de parole plus lent et une articulation moins précise que celle des sujets jeunes (Au et al., 1989, Bortfeld et al.. 2001, Clark-Cotton et al.. 2007, Zellner-Keller, 2007).

Si la majorité des études s'accordent à dire que l'augmentation des disfluences dans le vieillissement normal et dans la maladie d'Alzheimer est attribuable à la difficulté d'évocation de mot, Hupet et al. (1992) arguent que le phénomène de disfluence observé dans le vieillissement normal n'est pas le signe d'un accès lexical ralenti mais plutôt d'une élaboration linguistique fine, visant à la fluidité de l'échange et à l'adéquation de la situation comme en témoigne le discours oral particulièrement élaboré, hiérarchisé et riche en détails des personnes âgées saines en comparaison à celui des sujets jeunes.

Le langage est la fonction cognitive la plus résistante au vieillissement normal (Mathey et al.. 2008). De ce fait, l'étude comparative du discours des personnes âgées saines et celui des sujets atteints de la maladie d'Alzheimer permettrait de relever des variables pertinentes pour distinguer le vieillissement langagier normal et le vieillissement langagier pathologique. En outre, les informations issues des données pathologiques permettraient de mieux appréhender le fonctionnement normal du langage.

Lee, Hyeran, & Barkat-Defradas, Melissa

Praxiling UMR 5267 - CNRS & Université Montpellier 3 hyeranleejean(S)gmail.com, melissa.barakt@univ-montp3.fr

Article en accès libre placé sous licence Creative Commons Attribution 4.0 (http://creativecommons.Org/licenses/by/4.0) Article available at http://www.shs-conferences.org or http://dx.doi.org/10.1051/shsconf/20140801289

1.2 Disfluence

Le terme « fluence » est défini comme le flux ininterrompu de vocalisation dans lequel les mots sont séquencés harmonieusement pour former une phrase qui a du sens (Loebel et al., 1990). Le terme « disfluence » réfère quant à lui, à tous les traits de parole qui contrastent avec la fluidité (Wingate, 1987). La disfluence regroupe un ensemble de phénomènes temporaux et verbaux comme les pauses silencieuses, les pauses remplies, les hésitations, les allongements vocaliques, les paraphasies, les autocorrections, etc. (Pakhomov et al., 2010). Elle constitue une caractéristique particulière du discours spontané. En effet, pour plusieurs raisons, la production de la parole ne peut pas être continuellement exercée, y compris pour des raisons physiologiques telles que l'activité respiratoire et la planification cognitive (Kolk, 1997). Elle constitue également une part importante de la communication pour le locuteur et pour l'interlocuteur. Par exemple, les pauses permettent au locuteur de prendre le temps de formuler son énoncé et à l'interlocuteur de traiter cet énoncé (Campione et al., 2004). De plus, certaines pauses remplies peuvent être considérées comme une activité métacognitive adressée à l'interlocuteur (Duez, 1991, Clark et al., 2002). Au moment où un blocage de production survient, le locuteur peut utiliser les pauses sonores comme un outil d'occupation du terrain de l'interaction pour éviter d'être interrompu en affichant son intention de poursuivre l'énoncé (Maclay et al., 1959, Clark et al., 1977) ou comme un outil de coopération en signalant une demande d'aide pour résoudre conjointement le problème (Bortfeld et al., 2001).

De nombreuses études ont démontré que les facteurs linguistiques sont associés aux disfluences. Il a été observé que le taux de disfluences augmente avec les énoncés longs (Oviatt, 1995), en début d'énoncé (Shriberg, 1996), devant une information nouvelle (Arnold et al., 2000), devant les mots de cohésion faible (Grosjean et al., 1979), les mots de fréquence lexicale faible (Goldman-Eisler, 1967), les mots de densité de voisinage phonologique faible (Gayraud et al., 2012), ces facteurs linguistiques présumant un effort de planification important et demandant plus de ressources de traitement. Ainsi, avec l'augmentation de la complexité linguistique, l'on observe une augmentation des disfluences (Schlesinger, 1966).

1.3 Indice de compleixté phonétique de Jakielski (2000)

Selon Glaudert (2011), « On la [complexité] caractérise de prime abord par son opposition à la notion de simplicité. [...] Chaque système forme un tout composé de parties qui interagissent les unes avec les autres. C'est ce que l'on nomme l'organisation du système, c'est-à-dire les lois qui le règlent et le (co)ordonnent en un tout cohérent et structurellement descriptible. Parmi ces lois, certaines pourraient être omniprésentes et universelles, quels que soient le système et le domaine d'analyse : il s'agit de l'économie et l'efficacité. Les systèmes présentent en effet une tendance forte à la parcimonie et au «souci» de rentabilité, et ce dans l'optique d'atteindre un rendement profitable. L'ensemble des éléments régis par ces règles forme ce que l'on pourrait qualifier de norme. Lorsqu 'un élément du système s'écarte de ces lois ou de l'une d'entre elles, il devient alors complexe, car inattendu et déviant par rapport à la norme. Notons que les éléments complexes n 'existent qu 'à la condition sine qua non que leurs contreparties simples existent aussi, alors que l'inverse n 'est pas possible » (pp. 20-21).

Ainsi, en mettant en opposition différents éléments appartenant à un même système, il est possible d'établir une hiérarchisation et une mesure de la complexité.

Au cours de ces dernières années, plusieurs mesures de complexité phonétique ont été proposées : index of phonetic complexity (Jakielski, 2000), phonological mean length of utterance (Ingram et al., 2001), word complexity measure (Stoel-Gammon, 2010), etc. Dans cette étude, nous nous intéresserons tout particulièrement à l'index of phonetic complexity (IPC) de Jakielski. En effet, l'IPC est une mesure complète qui permet de quantifier la complexité phonétique à travers plusieurs caractéristiques de la production langagière. Ainsi, il nous semblait intéressant d'examiner un large éventail de facteurs afin d'obtenir de plus amples informations. De plus, l'IPC a été utilisé dans divers domaines d'étude comme l'acquisition du langage (Charlier Bererd et al., 2007), la pathologie du langage telle que la dyslexie (Bose et al., 2011), le bégaiement (Howell et al., 2006, Lasalle et al., 2011), l'autisme (Ferré et al., 2013).

En outre, cet indice initialement conçu pour l'anglais a été utilisé dans différentes langues, par exemple en allemand (Dworzynski et al., 2004) et en espagnol (Howell et al., 2007).

L'IPC de Jakielski est basé sur la théorie de « cadre puis contenu » de MacNeilage et Davis (1990). Selon cette théorie, le développement vocal précoce est conditionné par la maturation physiologique et la maîtrise des habiletés motrices de l'appareil phonatoire, et ce de façon universelle. En effet, ces auteurs ont observé des caractéristiques régulières dans le babillage des enfants, par exemple l'apparition précoce des consonnes labiales ou coronales par rapport aux consonnes dorsales, ces dernières nécessitant un contrôle plus précis de l'appareil articulatoire. De même, avec la maîtrise de la variation de la forme du conduit vocal, les consonnes fricatives émergent dans le répertoire phonétique des enfants, après les consonnes occlusives. Enfin, avec l'accroissement de la capacité articulatoire, les enfants élargissent leur éventail de production des consonnes isolées aux groupes consonantiques. Ainsi, la théorie de « cadre puis contenu » possède un caractère prédictible.

À partir de l'observation de l'apparition précoce ou tardive de certaines caractéristiques dans le babillage des enfants (Jakielski, 1998), Jakielski a déterminé des éléments simples ou complexes à produire et a identifié 8 paramètres afin de calculer la complexité phonétique.

Paramètres Points non attribués Points attribués

1 Lieu d'articulation des consonnes Labiales, coronales, glottales Dorsales

2 Mode d'articulation des consonnes Occlusives, nasales, semi-consonnes Fricatives, affriquées, liquides

3 Classe de voyelle Monophtongues, diphtongues Rhotiques

4 Final du mot Se termine par une voyelle Se termine par une consonne

5 Longueur de mot Monosyllabique, bisyllabique > 3 syllabes

6 Variation de lieu d'articulation des consonnes isolées Rédupliquées Variées

7 Groupe consonantique Absence Présence

8 Type de groupe consonantique Homo-organique Hétéro-organique

Tableau 1 : Index de complexité phonétique de Jakielski (2000)

Il existe peu d'outils permettant d'évaluer le contexte phonétique d'apparition des disfluences et peu de travaux ont été menés à ce sujet dans le vieillissement normal et dans le vieillissement pathologique de type Alzheimer. Par conséquent, nous nous intéresserons à identifier la relation entre la disfluence et la complexité phonétique à partir du discours oral francophone des sujets âgés sains et des sujets souffrant de la maladie d'Alzheimer.

2 Méthode 2.1 Participants

78 sujets ont participé à cette étude : 40 patients diagnostiqués cliniquement comme atteints de la maladie d'Alzheimer probable et 38 sujets âgés ne présentant aucune pathologie cognitive connue (score au MMSE, Folstein et al., 1975, égal à 30 / 30).

Tous les sujets sont locuteurs natifs du français. Les deux groupes de sujets sont appariés en âge, sexe et niveau socioculturel (grille de Poitrenaud, Kalafat et al., 2003). Cette étude est conforme au cadre juridique du CNRS et a été menée auprès de sujets volontaires. Un formulaire de consentement rappelant les objectifs de l'étude et les conditions expérimentales de l'enquête a fait l'objet de la signature du sujet, de leurs référents familiaux et/ou de leurs tuteurs légaux.

Le profil des sujets est récapitulé dans le tableau 2.

Groupe de patients Alzheimer Groupe de sujets âgés sains p-value

(n = 40) (n = 38)

Moyen Ecart-type Etendue Moyen Ecart-type Etendue

Age 77.5 7.3 64-89 75.1 5.7 65-85 ns

Niveau socioculturel 2.5 1.0 1-4 2.9 1.1 1-4 ns

MMSE 21.6 2.8 16-26 30.0 0.0 30-30 p< .001

Tableau 2 : Profil des sujets

2.2 Procédure

Les données orales à partir desquelles nos analyses ont été effectuées proviennent d'une série d'entretiens individuels semi-dirigés. Les participants de notre étude ont été invités à raconter librement les événements marquants de leur vie. Tous les entretiens ont été enregistrés numériquement. Afin d'écarter tout effet lié à la longueur variable de nos corpus sur les résultats (Darley et al., 1960), nous avons équilibré la taille du corpus entre le groupe des patients et celui des sujets âgés sains (25749 occurrences pour le groupe des patients Alzheimer et 27269 occurrences pour le groupe des personnes âgées saines, t= -1.426, ddl= 76, p= .144, n.s.). Ces enregistrements ont été transcrits manuellement et les séquences de parole ont été précisément segmentées à l'aide du logiciel Praat (Boersma et al., 2009).

Dans un premier temps, nous avons codé les disfluences. Le tableau ci-dessous montre les types et les exemples de disfluences codées.

Type de disfluences

Description

Exemples

Pause d'hésitation

Les silences > 200 ms

qui apparaissent à l'intérieur de la frontière syntaxique

(Merlo et al., 2010).

Angélique_76_F_2_20 : puis il a reçu la balle il a une <Pause d'hésitation = 270 ms> une cicatrice comme ça

Pause remplie

Les « euh » d'hésitation

Agathe_83_F_3_23 : j'ai eu euh <Pause remplie = 420 ms> <Pause d'hésitation = 1640 ms> euh <Pause remplie = 300 ms> <Pause d'hésitation = 210 ms> vous savez les les <Répétition d'hésitation> les césariennes

Allongement vocalique

Les allongements vocaliques > 180 ms

(Candea, 2000)

Apolline_68_F_4_26 : j'ai dû rester à <Allongement vocalique = 810 ms> à l'hôpital

Répétition d'hésitation

Les occurrences successives d'un même segment de parole qui ne relèvent pas d'une stratégie stylistique (Merlo et al., 2010).

Aicha_64_F_4_20 : j'ai des pertes de de <Répétition d'hésitation> de mémoire quelque fois

Tableau 3 : Types et exemples de disfluences codées

Nous avons considéré ces disfluences comme un indicateur pertinent du problème d'évocation de mot (Zellner-Keller, 2007). Ainsi, dans un deuxième temps, nous avons relevé les occurrences problématiques (i.e. apparaissant après les disfluences) et les occurrences non problématiques. Ces dernières ont été sélectionnées aléatoirement. Du point de vue de leur catégorie grammaticale, les occurrences non problématiques sont strictement comparables aux occurrences problématiques relevées dans les productions des sujets / patients. Il s'agit d'un ensemble de mots de contenu, dont ont été exclus : les noms propres, les dates, les nombres et les auxiliaires. Au total 8536 occurrences ont été soumises à l'analyse de la complexité phonétique (1915 occurrences problématiques et 1915 occurrences non problématiques relevées dans le corpus de sujets contrôles ; 2353 occurrences problématiques et 2353 occurrences non problématiques relevées dans le corpus pathologique). Le tableau 4 montre un exemple de liste des occurrences problématiques et des occurrences non problématiques établie à partir de notre corpus.

Aicha_64 _F_4_20 Carmen_66 F_4_30

(Patient atteint de la maladie d'Alzheimer) (Sujet âgé sain)

Occurrences non problématiques Occurrences problématiques Occurrences non problématiques Occurrences problématiques

angoisses endroits décès administration

médecin naissance douleurs chef

problème nuit enfant élève

affolée contente franc-parler collègue

extraordinaire grandes technique couple

heureuse mauvais joie fille

reconnaissais marchais agréable bonne

soigner remettrai épouvantable joyeux

tellement évidemment fatiguait amuse

vraiment longtemps complètement rapidement

Tableau 4 : Exemples de liste des occurrences problématiques et des occurrences non problématiques

Dans un troisième temps, les occurrences problématiques et les occurrences non problématiques ont été soumises à l'analyse de complexité phonétique à l'aide de l'indice de complexité phonétique de Jakielski (2000). Un des paramètres de cette grille n'étant pas pertinent pour le français (i.e. présence de voyelle rhotique), il a été écarté dans notre étude. Ainsi, nous avons mesuré la complexité phonétique de notre corpus à travers les 7 critères suivants (Eldrigde, 2006) :

1) Le lieu d'articulation de la consonne : 1 point était attribué à chaque présence d'une consonne dorsale [k], [g], [k], |ij|.

2) Le mode d'articulation de la consonne : 1 point était attribué pour chaque consonne fricative ou liquide [f], [v], [s], [z], [fl, [3], [1], [k],

3) La fin du mot : la présence d'une consonne en position finale de mot vaut 1 point.

4) La longueur du mot : un nombre de syllabes supérieur ou égale à 3 correspond à 1 point.

5) La variation de lieu d'articulation des consonnes isolées : lorsque les consonnes isolées du mot appartiennent à des lieux d'articulation différents (labiales : [p], [b], [m], [f], [v] ; coronales : [t], [d], [n], [1], [s], [z], [fl, [3], [ji] ; dorsales : [k], [g], [k], |ij|). 1 point est octroyé.

Exemple : « Hôpital » -> [opital] = 1 point. Ici, on observe la variation de lieu d'articulation des consonnes isolées de labiale [p] aux coronales [t] et [1].

En cas de présence de groupes consonantiques et d'une seule consonne isolée, ce paramètre n'est pas pris en compte.

Exemple : « Urgences » [yi<3às] = 0 point (groupe consonantique [K3] + consonne isolée [s]).

En cas de présence de groupes consonantiques et de deux consonnes isolées ou plus, la variation de lieu d'articulation est examinée entre les consonnes isolées.

Exemple : « Directrice » [diKektms] = 1 point. Ici, on observe la variation de lieu d'articulation de coronale [d] à dorsale [k], puis de dorsale [k] à coronale [s] des consonnes isolées.

6) Le groupe consonantique : 1 point est attribué à chaque présence d'un groupe consonantique.

Les consonnes produites de façon consécutive sont considérées comme un groupe consonantique. Par exemple, dans « Conducteur » [kôdyktœK], [kt] est considéré comme un groupe consonantique, même si [k] et [t] appartiennent à des syllabes différentes.

7) Enfin, 1 point est attribué à chaque groupe consonantique hétéro-organique, c'est-à-dire impliquant des consonnes articulées en des lieux distincts.

Le calcul de la complexité phonétique est détaillé dans le Tableau 5.

№ Paramètres Exemples

1 Lieu Dorsale d'articulation de [k], [g], [k], [g] la consonne Aicha_64_F_4_20 : même si des fois ça me <Allongement vocalique = 550 ms> ca me fatigue [fatig] = 1 point

2 Mode Fricatives d'articulation de |f|. |v|. |s|. |/|. la consonne Lfl> feL M Liquide : [1] Antoinette_67_F_4_25 : on arrête pas d'appeler de <Allongement vocalique = 420 ms> le des urgences |\ k'5às| = 3 points

3 Final du mot Consonne Apolline 68 F 4 26 : j'ai dû rester à <Allongement vocalique = 810 ms> à l'hôpital [opital] = 1 point

4 Nombre de >3 syllabe dans le mot Angélique 76 F 2 20 : il a une <Pause d'hésitation = 270 ms> une cicatrice comme ca [si-ka-teis] = 1 point

5 Variation du lieu d'articulation entre les consonnes isolées du mot Charlotte_82_F_4_30 : son <Allongement vocalique = 400 ms> camarade qui a plongé replongé [kamaifad] = 1 point Dorsale [k] -> labiale [m] -> dorsale [k] -> coronale [d]

6 Présence de groupes consonantiques Antoinette_67_F_4_25 : j'ai dit à <Allongement vocalique = 550 ms> à la directrice du fover [diuektiris] = 1 point

7 Hétérogénéité du lieu d'articulation de groupe consonantique Catherine_72_F_4_30 : c'était le <Allongement vocalique = 300 ms> le cataclysme de ma vie [kataklism] = 2 points Le lieu d'articulation des consonnes du groupe consonantique [kl] varie de dorsale [k] à coronale [1] et le lieu d'articulation des consonnes du groupe consonantique [sm] varie de coronale [s] à labiale [m]

Tableau 5 : Exemple d'analyse de la complexité phonétique de Jakielski (2000)

Le score total de l'indice de complexité phonétique correspond à l'addition des points obtenus à chacun de 7 paramètres. Plus la valeur de l'IPC est élevée, plus le mot est considéré comme complexe phonétiquement.

Enfin, nous avons cherché à comparer premièrement la valeur moyenne de complexité phonétique des occurrences problématiques et des occurrences non problématiques du groupe des patients Alzheimer et du groupe de sujets âgés sains, et deuxièmement nous avons analysé, à l'intérieur de chaque groupe, les liens entre complexité phonétique et types d'occurrences.

3 Résultats

L'analyse statistique t de Student montre que les patients Alzheimer ont tendance à produire des mots de complexité phonétique significativement plus faible que ceux des sujets âgés sains, que ce soit les occurrences problématiques (t= -5.566. ddl = 76, p< .001) ou les occurrences non problématiques (t= -4.769. ddl = 76, p< .001).

Groupe de patients Alzheimer Groupe de sujets âgés sains p-value

Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type

Occurrences problématiques 4,7 0,8 5,9 1,0 p< .001

Occurrences non problématique 3,8 0,9 5,0 1,3 p< .001

Tableau 6 : Valeur de complexité phonétique sur les occurrences problématiques et les occurrences non

problématiques en fonction de la population

Afin de comparer la complexité phonétique des occurrences problématiques et des occurrences non problématiques pour chacun des deux groupes de sujets, YANOVA à un facteur de l'échantillon apparié a été réalisée.

Il semble que la complexité phonétique joue un rôle important sur l'évocation des mots. En effet, les occurrences problématiques attestent toujours un degré de complexité phonétique plus élevé que les occurrences non problématiques. Ce résultat s'observe tant chez les patients MA (t= 4.946. ddl= 38. p< .001) que chez les sujets âgés sains (t= -4.269. ddl = 36. p< .001).

Occurrences problématiques Occurrences non problématiques p-value

Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type

Groupe des patients Alzheimer 4,7 0,8 3,8 0,9 p< .001

Groupe des sujets âgés sains 5,9 1,0 5,0 1,3 p< .001

Tableau 7 : Valeur de complexité phonétique dans les groupes des patients Alzheimer et dans le groupe

des sujets âgés sains

4 Conclusion et perspectives

Une étude récente a montré que la parole des patients atteints de la maladie d'Alzheimer se caractérise, par rapport à celle des sujets contrôles, par la présence de pauses d'hésitation plus fréquentes et plus longues (Lee, 2012). La présente étude a examiné la nature des occurrences qui font l'objet de difficulté ou non avec l'indice de complexité phonétique de Jakielski (2000). Les résultats montrent d'une part que l'IPC de Jakielski peut être utile pour distinguer le discours de la population atteinte de la maladie d'Alzheimer et celui de la population saine et d'autre part, la complexité phonétique est, en partie, responsable de disfluences dans le discours spontané de notre corpus. En effet, globalement, les patients atteints de la maladie d'Alzheimer recourent préférentiellement aux mots de complexité phonétique moindre par rapport au groupe de sujets sains, que ce soit pour les occurrences problématiques ou pour les occurrences non problématiques. Il semble ainsi que dans la maladie d'Alzheimer, les éléments complexes d'un point de vue phonétique sont sujets à plus de difficultés que les éléments qui ne le sont pas. De plus, il a été observé que les difficultés de récupération des mots ne sont pas indépendantes de la complexité phonétique. En effet, les occurrences problématiques ont un score de complexité phonétique significativement supérieur aux occurrences non problématiques chez les patients Alzheimer. Cependant, l'effet de la complexité phonétique n'est pas spécifique à la maladie d'Alzheimer car la même tendance est observée chez les personnes âgées saines.

L'indice de complexité phonétique de Jakielski présente de nombreux intérêts. Cette grille permet de quantifier objectivement la complexité phonétique d'un mot. De plus, organisé en 8 paramètres différents, IPC fournit l'information sur les facteurs majeurs de la complexité phonétique d'un mot analysé. Ainsi, une analyse détaillée pour chacun des paramètres pourrait sans doute conduire à une interprétation plus qualitative des résultats, permettant par exemple une intervention ciblée dans la rééducation orthophonique.

L'IPC part du postulat que le développement vocal précoce serait une manifestation des capacités mécaniques universelles de l'appareil phonatoire. Toutefois, pour un résultat fiable pour le corpus francophone, il nous semble nécessaire d'approfondir cette étude en adaptant la grille de Jakielski aux spécificités du français. Par exemple, en français, [k] étant à la fois une consonne dorsale et fricative, elle est comptée deux fois (i.e. le paramètre 1, le lieu d'articulation et le paramètre 2, le mode d'articulation) pour le calcul de la complexité phonétique. De même, il semble important de trouver un équivalent du paramètre 3 de Jakielski (i.e. classe de voyelle) en français. Nous pensons que l'intégration des aspects phonologiques (Pellegrino, 2009) et l'élargissement du champ d'investigation, par exemple l'étude des données l'issue de l'acquisition du langage (e.g. l'ordre d'émergence des segments), du Français Langue Etrangère (e.g. la maîtrise de certains unités), d'autres pathologies (e.g. difficulté de production et de perception), permettraient de dégager des éléments pertinents pour enrichir nos connaissances et notre compréhension de la complexité phonétique, permettant de mieux adapter l'indice de complexité phonétique de Jakielski aux particularités de la langue française.

Il est difficile de séparer les facteurs phonétiques des autres facteurs linguistiques du discours spontané (Bloodstein et al.. 2008). Ainsi, il serait important de conduire une étude sur l'influence de la cooccurrence des facteurs linguistiques tels que la fréquence lexicale (Astell et al.. 1996, Garrard et al.. 2005), la complexité syntaxique (Lee et al.. 2009), la voisinage phonologique (Gayraud et al.. 2012), etc. afin de mieux isoler l'effet de la complexité phonétique.

Enfin, il serait intéressant de mener une étude complémentaire sur l'interaction entre la complexité phonétique et d'autres fonctions cognitives (e.g. la mémoire, les fonctions exécutives) afin de mieux élucider le lien entre la complexité du système linguistique et la complexité de traitement cognitif. Il nous semble que l'étude du langage dans la démence neurodégénérative, telle que la maladie d'Alzheimer, peut fournir des informations précieuses pour affiner la connaissance sur ce sujet.

Suite à cette étude, nous avons développé un outil de calcul automatique de la complexité phonétique de Jakielski iPhocomp (Lee et al., soumis) qui permet de fournir un résultat rapide et objectif. Ce logiciel est librement mis à la disposition de la communauté scientifique à l'adresse suivant : http://igm.univ-mlv.fr/~gambette/iPhocomp/

Les recherches antérieures ont montré que la complexité phonétique a une influence sur la planification et le maintien de la production de la parole fluide, l'augmentation de la complexité nécessitant un plus grand effort pour l'activation et l'organisation des structures phonologiques et la planification motrice (Howell, 2004, Coalson et al., 2012). Contrôler cette variable est ainsi important dans les évaluations langagières ou de la mémoire utilisant des stimuli verbaux et elle peut apporter des éléments explicatifs à l'étude de la performance langagière des locuteurs. Nous espérons que la présente étude donnera un nouvel élan d'une part aux recherches fondamentales pour mieux appréhender les propriétés physiques et structurelles des unités sonores du langage et d'autre part aux études appliquées telles que la phonétique clinique, offrant aux orthophonistes la possibilité d'établir le profil de la capacité langagière des patients atteints de la maladie d'Alzheimer en prenant en compte le système phonologique et en identifiant le contexte des difficultés du langage de façon précise afin de mieux planifier une rééducation efficace et adaptée.

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